L’urbanisme est un acte de pouvoir de l’humain sur la nature, sur la terre, sur les pauvres, sur les femmes. En s’intéressant aux mouvements écoféministes, on pressent que ces derniers peuvent être extrêmement riches pour re-penser la conception et la fabrique de nos villes.
Le dénominateur commun des courants écoféministes est de dénoncer les logiques de domination similaire à l’encontre des femmes et à l’environnement. Mais le mouvement ne peut être réduit simplement aux problématiques de genre et à la crise écologique. Ces mouvements élargissent l’analyse à tous les systèmes de domination que ce soient celles liées à la race, la classe sociale, l’orientation sexuelle ou encore le handicap. Selon, Greta Gaard, philosophe écoféministe états-unienne, l’enjeu consiste à « redéfinir le féminisme comme mouvement destiné à abolir toutes les formes d’oppression ».
Les écoféminismes représentent donc à la fois un corpus théorique, des pratiques en lutte et une grille de déconstruction du monde. Ces mouvements donnent de nombreuses clés de lecture et d’analyse et proposent de nouveaux modes d’organisations et de rapport à l’autre qui permettraient de construire des villes plus inclusives. Ainsi, nous souhaitons construire une réflexion sur la façon dont ces outils peuvent être appliqués à la ville.
Basée sur une quinzaine de témoignages, nous avons souhaité restituer sous format audio cette recherche-action en produisant un podcast « les sorts de la cité ».
Depuis une dizaine d’années, une nouvelle forme de fabrique de la ville a vu le jour : l’urbanisme transitoire (également nommé temporaire, ou de préfiguration). Il a été peu à peu intégré dans les processus d’urbanisme opérationnel, puis est devenu inévitable dans le pilotage de projets urbains.
Partant du constat que l’incertitude qui a fait éclore des démarches transitoires est aujourd’hui une composante inévitable de l’urbanisme de projet dans son ensemble, nous souhaitons explorer les possibilités d’inscrire les pratiques de préfiguration comme un élément faisant partie intégrante du processus de production urbaine. Ce faisant, il nous semble nécessaire de porter un regard critique sur les 10-15 premières années de pratiques transitoires pour se demander en quoi elles peuvent laisser un héritage bénéfique à une fabrication plus coopérative de la ville, et plus proche des besoins des usagers finaux.
Confiée à un groupe d’étudiants de l’Ecole Urbaine de Science Po Paris et sous le tutorat de Raphaël Besson, cette étude est nourrie par plus de 70 entretiens auprès d’acteurs de l’urbanisme, de près ou de loin transitoire, afin d’avoir un aperçu global des démarches, outils et projets, ainsi que pour déceler ces nouveaux processus de coopération. Par ailleurs, de façon complémentaire, un travail de terrain a été effectué, avec la visite de plusieurs sites où des projets d’urbanisme transitoire étaient à l’œuvre, notamment à Avignon (quartier des Olivades), en métropole bordelaise (quai Carriet à Lormont) et en région parisienne (quartier Val-de-Fontenay Alouettes à Fontenay-sous-Bois).